- R.P.R.
- R.P.R.R.P.R. (Rassemblement pour la République)Sous des étiquettes diverses, le mouvement gaulliste occupe une place éminente dans la vie politique française depuis la Libération. Il s’agit là d’un phénomène original. Ce n’est pas la première fois, en effet, qu’un leader charismatique entraîne dans son sillage un grand nombre de Français, mais, à l’inverse d’autres exemples antérieurs, c’est la première fois qu’une force politique organisée de ce type continue à jouer un rôle de premier plan après la disparition de son inspirateur.Le 14 avril 1947, le général de Gaulle annonce la création du Rassemblement du peuple français (R.P.F.). Le prestige du «libérateur» demeure considérable mais le nouveau combat politique qu’il a engagé sur le thème des institutions ne fait pas l’unanimité. Les forces politiques traditionnelles souhaitent se débarrasser de sa tutelle. Les élections municipales d’octobre enregistrent un véritable raz de marée gaulliste. Le R.P.F. est de loin le premier parti de France avec 35 p. 100 des suffrages contre 20 p. 100 au P.C.F., 11,5 p. 100 à la S.F.I.O. et 8,5 p. 100 au M.R.P. De Gaulle n’obtient pas toutefois la dissolution qu’il souhaite. Les relations se tendent avec les communistes que le fondateur du R.P.F. qualifie de «séparatistes». Militants gaullistes et militants communistes s’affrontent parfois physiquement.Le corps de pensée gaulliste a été défini par le général de Gaulle principalement dans deux discours, celui de Bayeux en ce qui concerne les institutions (16 juin 1946), et celui de Saint-Étienne en ce qui concerne les rapports sociaux, avec l’association capital-travail (16 avr. 1948).L’influence du R.P.F. diminue progressivement. La IVe République, combattue par le général de Gaulle, finit par séduire tel ou tel des compagnons qui prennent place dans différents gouvernements de coalition. Lors d’une conférence de presse, le 2 juillet 1955, le fondateur du R.P.F. déclare «se désintéresser totalement de ce qui pourra se passer aux élections de 1956», ajoutant à l’adresse des Français: «Je vous dis au revoir et pour longtemps.»C’est à Alger, avec les événements du 13 mai 1958, que va repartir l’aventure gaulliste. Le comité de salut public en appelle à de Gaulle, les leaders politiques nationaux suivent le mouvement avec plus ou moins d’empressement. Investi le 17 juin par 309 voix contre 224, le nouveau président du Conseil prépare une nouvelle Constitution qui renforce le pouvoir exécutif au détriment de ce «régime des partis» que constituait, à ses yeux, la IVe République et entend capitaliser la sympathie qui se porte sur son nom. C’est ainsi que l’Union pour la nouvelle République voit le jour le 23 octobre 1958. Aux élections législatives de novembre, l’U.N.R. l’emporte avec 28 p. 100 des voix, devenant ainsi, avec 189 députés, le principal groupe parlementaire.Le mouvement gaulliste rassemble des hommes fort divers. Si Jacques Soustelle est exclu en 1960, des conservateurs continuent à côtoyer des progressistes qui se sont regroupés au sein de l’Union démocratique du travail (U.D.T.).Sous l’autorité du Premier ministre, Michel Debré d’abord, Georges Pompidou ensuite, le mouvement gaulliste domine la scène politique jusqu’en 1974. Sous des dénominations différentes, pratiquement, à chaque échéance électorale: U.N.R., U.N.R.-U.D.T., U.D.Ve, U.D.R. Les divergences avec des alliés indépendants qu’anime Valéry Giscard d’Estaing contribuent au départ du général de Gaulle en 1969 après l’échec du référendum sur la régionalisation.Le mouvement gaulliste survivra-t-il à son fondateur? Oui, et ce, d’abord, grâce à l’élection de Georges Pompidou à la présidence de la République. C’est durant son mandat que naîtra même l’expression d’«État-U.D.R.». Une expression qui devait coûter cher aux gaullistes et dont ne manqueront pas de se souvenir, entre 1986 et 1988, les adversaires de l’«État-R.P.R.». En 1974, avec la disparition prématurée de Georges Pompidou, c’est Valéry Giscard d’Estaing qui l’emporte en battant le candidat que soutient l’U.D.R., Jacques Chaban-Delmas. Une période trouble s’ouvre alors pour les gaullistes. Jacques Chirac devient Premier ministre; c’est un gaulliste, mais c’est aussi l’un des responsables de la défaite de Chaban-Delmas. Soupçonné de vouloir «giscardiser» l’U.D.R., il s’empare du secrétariat général du mouvement par surprise le 14 décembre 1974. Son dynamisme et son ambition redonnent confiance aux militants pendant que les anciens responsables, les «barons», sont éloignés.Après sa démission de l’hôtel Matignon, en 1976, Jacques Chirac entreprend de réorganiser le mouvement gaulliste. C’est ainsi que naît le Rassemblement pour la République (R.P.R.), le 5 décembre 1976. La croix de Lorraine fait place au bonnet phrygien. La volonté d’ouverture se manifeste aussi par la nomination comme secrétaire général d’un haut fonctionnaire, Jérôme Monod, peu habitué jusque-là aux estrades électorales. Pour la première fois, le mouvement gaulliste se voit aussi doté d’un président, Jacques Chirac. Les relations entre le R.P.R. et le président de la République se tendent, notamment à l’occasion des élections municipales de 1977, où Jacques Chirac défie victorieusement à Paris Michel d’Ornano, le candidat de Valéry Giscard d’Estaing. L’affrontement trouve son dénouement dans l’élection présidentielle de 1981: Jacques Chirac y obtient un peu moins de 18 p. 100 des voix et contribue, d’une certaine façon, à la défaite de Valéry Giscard d’Estaing par le soutien très modeste qu’il lui apporte pour le second tour.Les élections municipales de 1983 sont l’occasion d’un redressement, pour l’opposition en général, et pour le R.P.R. en particulier. Parti le plus important et le plus structuré de l’opposition, le R.P.R. tend à exercer sur elle un leadership. Il voit arriver en son sein de jeunes militants plus séduits par la personnalité de Jacques Chirac que par les idéaux gaullistes. De nouveaux responsables font aussi leur apparition grâce, là aussi, à leurs relations avec Jacques Chirac. Le R.P.R. reste, comme ses prédécesseurs, un «parti d’électeurs», selon la définition de Jean Charlot, mais aussi, et de plus en plus, un parti au service d’un homme.En 1984, Jacques Toubon succède à Bernard Pons au secrétariat général. Autre proche du maire de Paris, Alain Juppé poursuit, en tant que secrétaire national chargé du redressement économique, la définition et l’explication du projet proposé au pays par celui dont personne ne doute qu’il sera candidat à l’élection présidentielle de 1988. D’ici là, il s’agit de gagner les élections législatives de 1986 et de neutraliser Raymond Barre. Une plate-forme commune, le «pacte pour la France» est présentée par l’opposition R.P.R.-U.D.F. La victoire de celle-ci en 1986 — avec un avantage pour le R.P.R. — est aussi celle de la ligne libérale défendue par les chiraquiens contre les tenants d’un gaullisme «historique», interventionniste et social, représentés par Charles Pasqua et Philippe Séguin.Construit et mené pour conduire son chef à la victoire, le R.P.R., comme ce dernier, vivra mal l’échec à l’élection présidentielle de 1988. Aux élections législatives qui suivent, où R.P.R. et U.D.F. présentent aux suffrages l’U.R.C., l’Union du rassemblement et du centre, la seconde formation devance, pour la première fois, la première et s’en sort mieux: 135 députés inscrits ou assimilés U.D.F. pour 131 R.P.R. (132 et 158, respectivement, dans l’Assemblée sortante). Jacques Chirac conserve la présidence du R.P.R. mais laisse à Alain Juppé, nouveau secrétaire général, le soin de mener la barque. Les années qui suivent seront fertiles en contestations au sein du mouvement néo-gaulliste, tendant les unes à recentrer le R.P.R. sur lui-même, les autres à promouvoir un vaste rassemblement de l’opposition, la plupart à conquérir le pouvoir au sein de l’appareil. Alain Juppé saura déjouer ces attaques qui, à travers lui, visent Jacques Chirac. En 1990, surmontant la fronde animée par Charles Pasqua et Philippe Séguin, Alain Juppé reprend le contrôle du R.P.R. aux assises nationales tenues au Bourget (février); Jacques Chirac est réélu président à l’unanimité. En fin d’année, plusieurs des jeunes-turcs qui avaient appelé à la «révolution culturelle» au sein du mouvement démissionnent (Michèle Barzach, Alain Carignon, Michel Noir). Il faudra bien que la barque soit solide pour traverser sans avaries majeures les deux épreuves qui vont suivre: le débat national sur la ratification du traité de Maastricht, qui voit Jacques Chirac soutenir le oui contre le sentiment de la majorité du R.P.R.; et surtout, après la victoire de l’opposition rassemblée en une Union pour la France aux élections législatives de 1993, la rivalité «fratricide» entre deux personnalités du mouvement, Jacques Chirac et Édouard Balladur. Pour la première fois depuis 1976, le premier a pu réellement craindre que «son» R.P.R. ne lui échappe pour servir les ambitions d’un autre, en contradiction avec près de vingt ans d’efforts. Que serait donc devenu le R.P.R. si Jacques Chirac n’avait pas touché au but en remportant l’élection présidentielle de 1995?Mais aussi, que devient-il, une fois atteint l’objectif de conduire Jacques Chirac à l’Élysée, où il doit séjourner sept ans? La question est plus gérée que résolue en octobre 1995, quand le Premier ministre Alain Juppé succède au nouveau chef de l’État à la présidence du mouvement. Le R.P.R. apparaît alors «verrouillé», en dépit des tentatives d’un Édouard Balladur ou d’un Philippe Séguin pour faire entendre leur voix. La solidarité entre Jacques Chirac et Alain Juppé est telle que les velléités de critique à l’égard du second se dissolvent dans l’obligatoire soutien au premier. Cependant, les élections anticipées du printemps de 1997 changent sensiblement la donne. Le R.P.R., qui renouvelle son score des législatives de 1988, y perd plus d’une centaine de sièges mais distance nettement l’U.D.F. et trouve dans cet échec l’occasion d’un rebond. Les semaines qui suivent la démission du gouvernement voient les efforts d’Alain Juppé pour conserver la maîtrise de l’appareil où la défaite suscite de sévères règlements de compte: les Français n’ont-ils pas sanctionné une politique? Le 6 juillet 1997, au cours d’assises extraordinaires, Philippe Séguin est élu président du R.P.R. par 78,85 p. 100 des suffrages exprimés et ne tarde pas à faire savoir qu’il entend exercer son mandat à plein temps, limitant ainsi l’éventuelle concurrence que pourrait lui faire le secrétaire général du mouvement.R.P.R.Sigle de Rassemblement pour la République.R. P. R. [ɛʀpeɛʀ] n. f.❖♦ Vx. Abrév. de Religion prétendue réformée. || Ceux de la R. P. R. : les protestants, au XVIIe siècle.
Encyclopédie Universelle. 2012.